
Une enfance dorée pour une enfant aux multiples talents
Hélène, dite « Nini », naît en 1876 à Montmorency, près de Paris, dans la propriété de villégiature de ses parents, alors très fortunés.
À Paris, elle habite au 33 avenue Kléber, dans le bel hôtel particulier acquis par son père. La vie y est aisée, la domesticité nombreuse. Opéras, bals, mondanités se succèdent. Nini apprécie cette vie riche de plaisirs, de contacts et de beauté.
Enfant brillante, elle sait lire et écrire en français et en allemand dès l’âge de trois ou quatre ans. Très tôt, elle parle aussi anglais puis italien. Elle est musicienne, chante, joue du piano. Elle aime passionnément la peinture, pour laquelle elle a un talent certain, et se forme auprès d’artistes renommés tels qu’Eduard Charlemont, qui réalise plusieurs portraits d’elle.
Ses écrits de jeunesse et d’adolescence expriment autant son talent littéraire que son audace, son indépendance, sa lucidité et sa sensibilité.


Une période difficile où Hélène devient un soutien de famille
Contrairement à sa sœur Alice, Hélène n’a pas une beauté classique. Lorsque leur père perd toute sa fortune en 1898, les prétendants se font rares.
Le train de vie familial change brutalement, mais Hélène ne se laisse pas abattre. Elle veille sur son père, affaibli et déprimé, s’occupe de sa mère, soutient son frère aîné en proie à des difficultés financières et sentimentales, et conseille son petit frère.

Un mariage audacieux
Hélène rencontre puis épouse Auguste François, un consul aventurier. Il n’est pas membre de l’aristocratie, mais sa forte personnalité, son parcours au Paraguay et en Chine, ainsi que ses talents d’écrivain-photographe la séduisent.
Après le décès de ses beaux-frères et jusqu’à sa mort en 1935, Auguste devient « l’homme de la famille ».
Le couple passe d’abord un temps en Bretagne, à Penmur, avant d’acquérir une propriété en Anjou, La Gallerie.


La dame de La Gallerie, fédératrice des Mallmann de France
La Gallerie est une demeure surprenante où l’on trouve de nombreux souvenirs rapportés par « l’oncle Auguste » de ses voyages lointains : armes et armures asiatiques, peaux de crocodile et de fourmilier, tapisseries, costumes, instruments de musique chinois, peaux de python, crânes d’animaux, flèches dites empoisonnées… Dans ces pièces ornées d’objets exotiques, des portraits d’ancêtres Liebieg et Mallmann veillent sur les lieux.
Le parc, magnifique, abrite des essences d’arbres exceptionnelles et une faune variée : animaux sauvages, chiens, ânes, chèvres, tourterelles.
Hélène y perpétue les grandes traditions de son enfance. Le cérémonial des repas n’a rien à envier à celui des cours européennes du XVIIIᵉ siècle. Respectée et admirée, elle est appelée « Madame François » par les habitants de la région et règne en véritable seigneur de ce fief.
Mais La Gallerie est aussi un refuge familial. Bien qu’elle n’ait pas eu d’enfants, elle accueille en vacances ses nombreux neveux et nièces. Grâce à elle, les liens familiaux se tissent entre Mallmann, Seydoux, Lancrenon, Mussat, Vallois, Constantin, Maindreville, Houel…


« Tante Nini »
Hélène s’éteint en 1974, à l’âge de 98 ans.
Sa vieillesse est assombrie par la disparition de ses frères et sœurs, de ses cousins autrichiens, puis de ses neveux Georges de Mallmann et Henri Seydoux, sur lesquels elle comptait pour transmettre le flambeau familial.
Femme au caractère fort, courageuse, volontaire, intelligente et cultivée, elle a su affronter les revers de fortune, les conflits internationaux et les épreuves familiales, tout en préservant les valeurs et traditions qui ont marqué son enfance.
Ouverte au monde et à l’avenir, elle veille toute la nuit en 1969 pour suivre les premiers pas de l’homme sur la Lune. Enthousiaste et optimiste, elle s’exclame :
« Quel bel avenir s’ouvre devant nous ! »

Sources :
- Récits de Brigitte Olivier Seydoux
- Récits de Régis de Mallmann
- Portraits de familles Liebieg-Mallmann, par Bruno Seydoux
- Échanges, lettres Seydoux-Mallmann, transcrites par Bernard Seydoux, déposées aux Archives Nationales de France
- Publications et informations en ligne sur Auguste François : http://augfrancois.chez-alice.fr/