Émile-Gérard de Mallmann (1831-1903)

Émile-Gérard de Mallmann

(Ses prénoms apparaissent parfois sous la forme Gerhard Emil)

Fondateur de la branche française des Mallmann, Émile-Gérard connaît une carrière exceptionnelle, marquée par un immense succès en affaires, bien que ternie par un revers de fortune sévère.

Jeunesse et débuts professionnels en Argentine

Émile-Gérard naît en 1831 à Boppard, en Rhénanie. Il est le fils de Johann Jacob Mallmann III et d’Anna Maria Kirch. Issu d’une famille de commerçants et aubergistes prospères, il bénéficie d’une éducation soignée et obtient une licence en droit à Bonn.
Très jeune, il rejoint ses cousins Cathrein et son frère Josef en Amérique du Sud (Argentine et Uruguay), où il devient commissionnaire pour la société Mallmann. Cette entreprise connaît une croissance spectaculaire : export-import, investissements dans les chemins de fer et les mines d’or, placements d’emprunts argentins… Émile-Gérard maîtrise parfaitement l’allemand, l’anglais et l’espagnol. Il parle également le français, bien qu’il préfère s’exprimer en allemand avec ses proches, même après son installation en France.


Retour en Europe et apogée professionnelle

Vers 1855, Émile-Gérard revient en Europe, déjà très fortuné selon ses proches. Après un séjour à Londres, il s’établit à Paris et fonde avec son frère Josef l’entreprise Mallmann et Cie, active dans le commerce et les finances.
En 1862, il épouse à Reichenberg Hermine von Liebieg, fille d’un industriel influent d’Autriche-Hongrie. Cette union prestigieuse et sa réussite professionnelle lui permettent de mener un train de vie fastueux à Paris : hôtel particulier avenue Kléber, maison de villégiature à Montmorency, bals somptueux et portraits familiaux réalisés par des artistes renommés.
De nationalité rhénano-prussienne, il doit quitter la France pendant la guerre de 1870 et s’installe avec sa famille à Bruxelles, où il transfère ses sociétés. En 1873, ses succès et ses alliances familiales lui valent d’être anobli par l’empereur François-Joseph, devenant « Ritter von Mallmann ». Il choisit pour devise : Ignavis nulla dextera avis (La fortune sourit aux audacieux). Il obtient la nationalité française en 1877.


Revers de fortune

Les années 1897-1898 marquent un tournant tragique. Les investissements en Argentine, confrontés à des défis techniques, politiques et économiques, échouent. La fortune d’Émile-Gérard s’effondre, entraînant la liquidation de tous ses biens, y compris ceux de son épouse. La banque Mallmann fait faillite, laissant de nombreux créanciers, y compris des proches, avec de lourdes pertes. Ce drame personnel marque durablement Émile-Gérard, dont la situation financière dépend dès lors de la générosité de la belle-famille de sa fille Alice.


Hermine von Liebieg : une épouse dévouée

Hermine von Liebieg (1842-1918), fille de Johann von Liebieg, partage les succès et les épreuves de son époux. Jusqu’à la faillite, elle mène une vie mondaine et artistique intense à Paris. Après la chute de leur fortune, elle s’adapte avec courage à un train de vie modeste tout en soutenant inlassablement leurs six enfants.
Femme de cœur, elle entretient une correspondance abondante avec ses filles Hélène et Alice, souvent en français. Attachée à ses racines autrichiennes, elle espère que son fils Henri choisisse la nationalité autrichienne lors de la Première Guerre mondiale, un souhait contrarié par le contexte historique.


Dernières années

Au crépuscule de sa vie, Émile-Gérard souffre de problèmes de santé et d’un profond abattement. Il s’éteint à Paris en 1903. Hermine, quant à elle, vit ses dernières années dans la tristesse, marquée par des drames familiaux et les tensions entre la France et l’Autriche. Elle décède en 1918.
Parmi leurs six enfants, Émile, Alice (épouse Seydoux) et Henri laissent une descendance qui perpétue la lignée Mallmann en France.


Sources :

  • Liebieg-Mallmann, Portraits, photos souvenirs par Bruno Seydoux (2024)
  • Correspondance Mallmann-Seydoux déposée aux Archives nationales de France (sous-série 781 AP)