
Une enfance privilégiée dans une famille influente
Émile de Mallmann, figure économique de la famille en France, occupe une place enviable dans le Paris de la Belle Époque. En épousant Hermine de Liebieg, il bénéficie de l’appui d’un autre clan puissant. Choyés par des parents attentifs à leur éducation et affectueux, leurs cinq enfants mènent une enfance privilégiée.
Tout se déroule entre leur hôtel particulier près de l’Arc de Triomphe et leur résidence de campagne à Montmorency, ponctué de séjours en Allemagne et en Autriche auprès de nombreux cousins. Dans cette maison cosmopolite, où l’on parle français, allemand et anglais, précepteurs et professeurs de dessin ou de musique sont omniprésents.
Seconde de cinq enfants, Alice est une grande sœur aimée et admirée. Belle et gracieuse, elle incarne ce que l’on appelait alors une « jolie personne ».
Une union marquée par le destin
Sa rencontre avec Alfred Seydoux, bien qu’organisée par leur cousine Marguerite de Boucheporn, se transforme en coup de foudre dans le cadre enchanteur des coteaux de Vevey. Les relations d’affaires et la longue connaissance entre leurs familles permettent de surmonter sans difficulté la différence de religion.
Les premières années du mariage sont marquées par les décès successifs de trois jeunes enfants. Malgré cette douleur, le couple accueille six enfants entre 1891 et 1904.
La vie parisienne d’Alice est brillante : son salon, animé et raffiné, attire de nombreuses relations, où mondanités et programmes musicaux s’harmonisent. Alfred, de son côté, mène une vie professionnelle intense : à la tête des établissements Seydoux, il siège au Conseil de régence de la Banque de France et s’implique activement en politique dans le Nord. Il prend également sur lui le remboursement des dettes de son beau-père, ruiné. Ce poids finit par l’épuiser, et il s’éteint avant ses cinquante ans, laissant Alice veuve avec six enfants encore mineurs.
Les bouleversements d’un long veuvage
Après la disparition d’Alfred, la vie d’Alice change profondément. Les relations avec le milieu des affaires et la société protestante s’étiolent. La Première Guerre mondiale apporte une déchirure supplémentaire : la coupure avec la famille allemande est totale, et son frère Henri, resté associé de ses cousins en Bohême, ne peut rentrer en France. Alice multiplie alors les démarches officielles à Paris pour tenter d’obtenir le retour de sa famille.
Grâce à sa cousine Marguerite de Boucheporn, Alice hérite de la villa Ker Anic à Dinard. Ce lieu devient son refuge, où elle accueille famille et amis. Entre plaisirs de plage et festivités élégantes, elle trouve un équilibre, mais marier ses quatre filles après la guerre reste un défi. La correspondance d’Alice révèle des stratégies matrimoniales empreintes de sollicitude pour l’avenir de ses enfants, témoignant de son adaptation aux bouleversements de son époque.
Une grand-mère marquée par les conflits
Installée à Neuilly, Alice affronte également les épreuves de la Seconde Guerre mondiale. La coupure avec la famille d’outre-Rhin s’accentue, et elle endure la perte de son fils cadet, Maurice, avant la fin des hostilités.
Pourtant, malgré les tragédies, Alice reste une grand-mère affectueuse et joyeuse pour ses vingt-quatre petits-enfants. Jusqu’à la fin de sa vie, elle incarne une figure de résilience et de dévouement familial, marquant profondément plusieurs générations.